Se reconstruire à coup de pinceaux

Un trait aérien. Des oiseaux aux couleurs de la rosée, nichés dans une nature luxuriante. Cette grâce éthérée prend vie sous les traits de pinceau de Manon Richard. Une lumière diffuse de fin de journée nacre ses tubes de gouache acrylique, une atmosphère sereine, propice à la contemplation et à l’évasion.

Notre œil est soudain attiré par des livres d’art sur les miniatures indiennes, rangés à portée de main. «Je collectionne ces ouvrages depuis 10 ans déjà, mais ce n’est que récemment que je me suis autorisée à explorer cet héritage. Ces œuvres sont mon inspiration première», souffle-t-elle.

Richesse du chromatisme, naturalisme poétique et amour de la flore comme de la faune: la trentenaire explore ces spécificités de l’art de la miniature indienne en y infusant ses propres mondes imaginaires.

Renouer avec sa propre culture

Si elle tient peut-être sa veine créative de sa grand-maman maternelle, Jeanne Musale, qui a d’ailleurs exposé ses peintures et gravures dans la région, elle explore aujourd’hui la tradition picturale héritée de son grand-papa. Originaire du Gujarat, état le plus à l’ouest de l’Inde, Madhukar Babadji Musale a posé ses valises en Suisse pour ses études pour ne plus jamais la quitter. «Il est malheureusement mort quelques années avant ma naissance, mais sa présence et ces racines culturelles m’ont toujours accompagnée.»

Réalisées au moyen de pinceaux extrêmement fins et de précieux pigments sur papier, ces œuvres sont d’une grande richesse picturale. Depuis deux ans, elle apprivoise cette tradition.

Un parcours d’autodidacte, jalonné de patience et de persévérance. «Je n’ai trouvé que très peu d’informations sur Internet, alors que c’est un art ancestral. Par chance, j’ai trouvé des cours en ligne par le biais de la <The King’s Foundation School of Traditional Arts> de Londres, ce qui m’a permis de consolider ma pratique.»

Peintures vivantes

Son trait délicat s’est aiguisé au fil de ses recherches graphiques. Parallèlement à ses études en graphisme, elle a appris le «motion design» en autodidacte. «J’ai travaillé pendant près de 15 ans en tant qu’animatrice graphique dans les domaines de la production de films d’animation et de la publicité.»

Un milieu «exigeant en termes de productivité et de créativité». Un rythme de travail intense qui a fini par drainer toute son énergie. «J’ai fait un burn-out. Les coups durs m’ont poussée à replonger dans le fait-main, comme une forme de thérapie. Au début c’était difficile, car je devais réapprendre à prendre le temps. J’y ai finalement pris goût et c’est devenu une forme de méditation.»

En phase de guérison, Manon Richard infuse ses créations actuelles par sa recherche d’équilibre. «Avec mes peintures et mes illustrations digitales, je souhaite partager un moment de calme et d’introspection.»

Plus d’infos: L’univers de la dessinatrice peut être découvert ici:
manonrichard.com